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LSF un peu d histoire

Abbé de l'Épée (1712 - 1789)
a étudié la théologie mais aussi le droit civil. Avocat au parlement de Paris, il s'est dévoué pour les pauvres et les indigents. C'est à l'occasion des cours qu'il dispensait à des étudiants entendants qu'il rencontra fortuitement deux sœurs sourdes et muettes. Il remarqua que les voies traditionnelles de l'enseignement étaient incompatibles avec leur handicap. L'Abbé de l'Épée, bien qu'ignorant la langue des signes pratiquée à l'époque par la communauté des sourds parisiens, comprit très vite les enjeux de la langue gestuelle. Pour ce faire, il développa une langue gestuelle universelle ordonnée selon la syntaxe française.
Par l'instruction dispensée, l'Abbé de l'Épée rendit ainsi à ses élèves sourds la citoyenneté. Il a fallu toutefois attendre 1791 pour que l’Assemblée Nationale promulgue une loi permettant aux sourds de bénéficier des Droits de l’Homme…

Roch-Ambroise Cucurron Sicard (1742 - 1822)
L'école de l'Abbé de l'Epée, à sa mort devint Institution Nationale des Sourds-Muets et l'Abbé Sicard en devint le premier directeur. Il fut choisi à ce poste grâce aux progrès de son élève sourd, Jean Massieu qui deviendra le deuxième professeur sourd en France après de Fay.
L'Abbé Sicard fut traduit en 1793 devant le Tribunal révolutionnaire pour avoir persisté à se proclamer royaliste, au moment même du procès du roi. Il fut sauvé de la guillotine par les témoignages de Massieu et de ses élèves sourds.
Malgré son dévouement, Sicard n'avait rien compris à la réalité psychologique et sociale des sourds. A sa mort (1822) un fait est clairement établi : l'échec des signes méthodiques.


Roch Ambroise Auguste Bébian (1749 - 1834)
instaura une éducation bilingue (langue des signes et français). Entendant, il pouvait, de cette manière, communiquer totalement dans la langue des signes. A la même époque, des maîtres sourds commencèrent également à enseigner. On pensait alors que le recours à la langue des signes était incontournable.
Hélas, en 1878, un mini-congrès d'entendants pro-oralistes se tient à Paris pour débattre de l'insertion des sourds dans la société. Ils décident de la tenue d'un congrès international sur le même thème : ce sera le Congrès de Milan (1880). On y trouve 162 congressistes entendants (majoritairement Français et Italiens) et deux personnes sourdes. Tous assistent à des démonstrations, toutes réussies, de l'éducation orale des sourds. Plus tard, de nombreux témoignages montreront que les jeux étaient soigneusement préparés d'avance. Le congrès se termine par un cri : "Vive la parole !" et par un vote unanime des délégués (à l'exception des Américains) pour l'interdiction des gestes dans l'éducation des sourds. Alors, durant cent ans, les sourds durent se cacher pour communiquer en signes, se transmettant illégalement une langue interdite dans toutes les écoles, dans tous les lieux d'instruction.

Jean Massieu (1772 - 1846)
Si avec l'Abbé de l'Épée les meilleurs élèves devenaient moniteurs des plus jeunes, avec Sicard, les sourds purent accéder aux fonctions de répétiteurs. Deux de ses élèves se distinguèrent particulièrement. Jean Massieu, cinquième enfant sourd de naissance d'une famille indigente de Semens, près de Cadillac en Gironde, scolarisé à 13 ans et demi, qui fut le premier répétiteur sourd nommé par Louis XVI en 1790, le second fut Laurent Clerc.
Massieu et Clerc pratiquaient deux gestualités, la langue des signes dans leur communauté, et en classe, le français signé de Sicard.
Massieu enseignera à l'institution de Paris jusqu'en 1823, pour devenir, à l'appel d'un philanthrope, directeur de l'école de Lille.

Laurent Clerc (1785 - 1864)
Inconnu en France, il est à l'origine de la prestigieuse Université des Sourds Gallaudet et a apporté la langue des signes aux Etats-Unis
Louis Laurent Marie Clerc est né à La Balme les Grottes (Isère) dans une famille de notables.
Alors qu'il était âgé d'environ un an, le petit Laurent fit une chute dans l'âtre de la cuisine. Gravement brûlé à la face, on découvrit bientôt que son ouïe et son odorat avaient été atteints sans toutefois réussir à déterminer si ce handicap était consécutif à l'accident ou d'origine congénitale. Son nom, en langue des signes (index et majeur brossant la joue droite jusqu'à la commissure des lèvres) provient de la cicatrice au visage qu'il conserva toute sa vie.
En 1797, son oncle et parrain l'inscrivit enfin à l'Institut National des Jeunes Sourds - Muets que l'Abbé de l'Epée avait fondé à Paris, et qui était alors dirigée par l'Abbé Roch-Ambroise Sicard . Jean Massieu, le premier enseignant de Laurent, devint très vite son mentor et ami.

Ferdinand Berthier (1803 - 1886)
le Napoléon des sourds-muets...
En dépit de son importance dans l'histoire de la culture sourde, on sait au final peu de choses sur la vie de Ferdinand Berthier.
Il est né sourd le 30 septembre 1803 à Louhans (Saône- et-Loire), d'un père chirurgien. L'enfant, d'abord placé en nourrice comme tout bébé de sa classe sociale à l'époque, est ensuite gardé dans sa famille où son père tente avec plus ou moins de succès de lui inculquer la lecture. Mais le petit Ferdinand parvient toutefois ainsi à communiquer avec son entourage. A l'âge de 8 ans, son père lui fait quitter la Bourgogne natale pour le confier à l'Institut National Saint-Jacques, fondé à Paris par l'Abbé de l'Épée.
Son surnom de "Napoléon des sourds-muets" lui est donné à partir de 1868 pour avoir rendu accessible aux sourds le fameux Code Napoléon. Ferdinand Berthier meurt le 13 juillet 1886. Il est inhumé à Sagy, près de Louhans.


Si, en 1977, le Ministère de la Santé lève légèrement l'interdit qui pèse sur la langue des signes, ce n'est qu'en 1991 que l'Assemblée Nationale accepte, par la loi Fabius, l'utilisation de la L.S.F. dans l'éducation des enfants sourds. 


Qu'importe la surdité de l'oreille quand l'esprit entend ?
La seule surdité, la vraie surdité, la surdité incurable, c'est celle de l'intelligence"

Alphonse Lenoir

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